Rythmes scolaires : POUR UNE VERITABLE REFONDATION DE L’ECOLE LAÏQUE

La réforme Peillon nous est vendue comme LA réforme des rythmes de l’enfant. Mais elle ne prend pas ou peu en compte la réalité de celui ci : pas de grand changement au niveau de la journée, de l’année, des programmes, des effectifs de classe… Le temps non contraint, où l’enfant peut évoluer à sa guise, n’est pas pris en compte. La semaine est réorganisée sans tenir compte des avis des scientifiques , POURTANT REGULIEREMENT INVOQUES POUR JUSTIFIER LA REFORME.

L’école aujourd’hui est calquée sur le monde du travail. L’école primaire et encore plus l’enseignement secondaire sont basés sur un temps mécanique et répétitif – cours de 45 minutes par exemple. Les horaires de l’école – et donc des élèves – sont alignés sur ceux des entreprises ou des services. Ce n’est en aucun cas le contraire,

Les élèves sont confrontés à des cadences de travail trop importantes. La nécessité de changer l’école, d’en revoir les rythmes est évidente, pour laisser du temps aux apprentissages et en faire un lieu de bien-être.

Une marchandisation du temps éducatif, d’une part

Cette réforme n’est en fait qu’une marchandisation d’un temps éducatif : elle offre un temps d’intervention hors éducation nationale aux associations diverses et variées, aux professionnels privés dans certains cas, ou tout simplement à une simple garderie parfois payante.

◆ Le projet Peillon génère de grandes inégalités dans l’offre éducative selon les territoires : communes riches/communes pauvres, rurales/urbaines, priorités politiques des municipalités…

Nous voulons que l’égalité (dite « républicaine ») soit assurée, que tous les élèves aient droit à la même formation. Un encadrement national des activités périscolaires est nécessaire, définissant des champs d’activité obligatoirement proposés à tous les élèves, quelles que soient les variables locales.

◆ Dans le projet Peillon rien n’interdit aux associations à caractère religieux d’intervenir dans le cadre du « périscolaire »

Nous exigeons que la laïcité soit assurée dans les écoles, y compris dans ce cadre quand il nous est imposé.

◆ Pour pouvoir fonctionner le projet Peillon va multiplier les emplois précaires.

Nous refusons la précarisation des emplois et nous voulons des personnels formés et des emplois statutaires.

◆ Dans le projet Peillon, la multiplication des interventions extérieures sur des temps courts ne permet plus de générer une vision globale de l’éducation. Le morcellement des activités empêche une réelle approche polyvalente-polytechnique de l’école.

C’est pourquoi plus que jamais SUD Éducation exige le retrait du texte Peillon, et réaffirme qu’il faut une autre réforme des rythmes scolaires, ambitieuse et dégagée des lobbies touristiques et économiques.

L’école publique sous tutelle des pouvoirs locaux, d’autre part

La réforme donne aux municipalités le pouvoir de fixer les horaires scolaires. D’ailleurs, les mairies ne se gênent pas pour imposer des horaires de T.A.P. qui leur conviennent pour utiliser (exploiter ?) au maximum les personnels d’animation dont elles disposent, en imposant des horaires d’enseignement irréguliers, déséquilibrés, préjudiciables à l’enseignement.

Nos propositions

Pour lutter contre les inégalités entre les territoires, l’Éducation doit rester nationale. Ce qui n’empêche pas l’apport d’intervenants extérieurs

❒ Vouloir réformer les rythmes scolaires nécessite une réflexion plus large sur l’école et nécessite de :

❊ réduire les effectifs par classe.

❊ repenser les programmes, d’en concevoir les contenus pour laisser du temps à la manipulation, l’expérimentation, la recherche…

❊ inscrire dans les programmes la possibilité du travail coopératif, de la pédagogie de projet…

❒ Différencier le temps de travail des PE devant élèves du temps d’enseignement pour les élèves.

Pour les PE : 18 h devant élèves des heures de concertation, travail en équipe… sans porter atteinte au principe de polyvalence qui permet une vision globale du fait éducatif.

Conséquences : plus de PE que de classes, plusieurs PE par groupe élèves, renforcement du travail en équipe, regard croisé sur les élèves et les pratiques…

❒ Différencier le temps et les activités selon l’âge des enfants.

Repenser les horaires du matin en aménageant un temps d’accueil suffisamment long pour une mise en route en douceur.

Poursuivre la réflexion

A SUD Éducation, nous voulons aussi une autre école dans une autre société. Question rythmes scolaires et rythmes des enfants il faut s’enrichir des travaux de la recherche (chronobiologie, chronopsychologie, sciences de l’éducation…)

❂ Adapter la journée au rythme de l’enfant : temps de repos, temps calmes, « temps pour ne rien faire »… On ne pourra réellement réduire la journée des enfants que lorsque la journée de travail de leurs parents sera réduite.

❂ Ne pas dépasser 7 semaines de travail d’affilée.

❂ Repenser l’année : des vacances plus longues l’hiver quand la fatigue est plus grande, plus courtes l’été ?

❂ Donner du temps pour les apprentissages : notion de cycle (2 à 4 ans par cycle, sans pénalité pour les élèves), classe multi-âge…