L’AIP ou le confort et la galère

Il faut bien l’admettre. L’AIP est majoritairement bien perçue parmi nous. Ces 2 heures hebdomadaires avec quelques élèves seulement nous apportent le confort d’un contact privilégié avec quelques enfants en difficultés. Nous avons l’impression de pouvoir enfin, disposer de temps pour eux. L’AIP, bulle d’oxygène – c’est donc un progrès, est la bien venue quand, le reste du temps, nous courons.

Après quoi courons-nous ? Le temps justement. Le temps pour la caser cette AIP, deux heures de plus à intercaler dans les quatre journées de la semaine. Souvent le midi, plus le temps de manger, d’échanger avec les collègues. Parfois le soir, histoire de rallonger la journée d’école, avant d’attaquer les corrections. Et puis, tous ces documents administratifs à rédiger… encore et toujours plus de paperasse.

Après quoi courons-nous ? Les dossiers MDPH. Équipe éducative. Rencontrer l’AVS. Comprendre cet enfant en grosse difficulté. Trouver du temps pour l’aider. Pas d’AIP pour lui. L’AIP, c’est pour l’enfant en difficulté passagère.

Mais lui, l’enfant en grosse difficulté, qui l’aide ? Et qui nous aide à l’intégrer ? Qui nous aide à cerner sa difficulté, à nous former pour y faire face, telle année au handicap physique, telle autre, au trouble du comportement, telle autre, au handicap intellectuel ? C’est qu’on doit intégrer tout le monde, maintenant. Projet philosophiquement louable, à condition de ne pas l’aborder naïvement. Les établissements diversement spécialisés, les clis, les RASED, on le constate tous les jours, sont de moins en moins dotés. C’est que tout ceci coûte cher. Beaucoup plus cher que des AVS qui sont EVS et qu’on balancera passées 3 années à travailler avec nous, ayant fait leur possible, comme nous. Parce qu’au bout du compte, tout ça, c’est nous qui le récupérons, dans nos classes. C’est seulement du travail en plus, des moyens en moins, le tout concentré sur les 24 heures semaine. ON pourrait appeler ça la galère.

Grâce à l’AIP et aux autres réformes, nous sommes passés de 26 heures de travail à 24 heures de galère + 2 heures de confort. Subitement, j’ai un doute… est-ce qu’on ne se serait pas fait entuber ?