Réouverture des écoles et établissements : comment exercer son droit de retrait ?

Ce n’est pas l’employeur (IEN, CdE, DASEN, recteur, ministre…) qui décide de la validité ou non du droit de retrait !

Le 13 avril, le Président de la République a annoncé que les établissements scolaires rouvriraient leurs portes à partir du 11 mai. SUD éducation s’oppose à cette réouverture car les conditions sanitaires ne sont pas réunies. Nous appelons les personnels de l’Éducation Nationale à faire usage massivement de leur droit de retrait. Les éléments suivants font le points sur la démarche à suivre pour exercer ce droit garanti à tou-te-s les agent-e-s.

1. Qu’est-ce que le droit de retrait ?

Article 5-6 du décret 82-453 du 28 mai 1982 relatif à l’hygiène et à la sécurité du travail ainsi qu’à la prévention médicale dans la fonction publique
« I. – L’agent alerte immédiatement l’autorité administrative compétente de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection. Il peut se retirer d’une telle situation. L’autorité administrative ne peut demander à l’agent qui a fait usage de son droit de retrait de reprendre son activité dans une situation de travail où persiste un danger grave et imminent résultant notamment d’une défectuosité du système de protection. ». C’est un droit individuel qui peut s’exercer de façon collective.

2. Comment alerter ma hiérarchie ?

L’utilisation du droit de retrait se signale par écrit à son/sa chef-fe de service (IEN dans le premier degré, chef-fe détablissement dans le second degré).
— > En remplissant le Registre Danger Grave et Imminent présent dans l’établissement ou à la circonscription.
— > Étant donné la nature du risque que représente le virus COVID-19, il est possible d’alerter depuis le domicile sans se rendre sur notre lieu de travail. Un simple courrier électronique depuis votre messagerie professionnelle au/à la supérieur-e hiérarchique suffit.

3. Déposer un Danger Grave et Imminent

Modèle de courriel à adapter et développer en fonction des situations locales :

« Madame, Monsieur [le titre de votre supérieur-e hiérarchique], Je vous alerte ce lundi 11 mai 2020, estimant avoir un motif raisonnable de penser que ma situation de travail représente un danger grave et imminent pour ma santé et ma vie en raison du virus COVID-19, considérant le risque sanitaire qu’il représente et l’anxiété générée par l’exposition à ce risque. [Lister les problèmes liés à la protection des agents, ex : absence de masques) Par conséquent, je fais usage de mon droit de retrait. Du fait même du danger, je vous alerte sans me déplacer sur mon lieu de travail. Le conseil scientifique auprès du Président de la République recommande de maintenir les mesures visant à limiter la propagation du virus. Les autorités sanitaires n’ont pour l’heure pas mis un terme à l’état d’alerte sanitaire sur le territoire national. » [Nom de l’agent-e]

4. Mon supérieur conteste mon droit de retrait : que faire ?

Ce n’est pas l’employeur (IEN, CdE, DASEN, recteur, ministre…) qui décide de la validité ou non du droit de retrait ! L’employeur ne peut vous imposer le retour au travail qu’avec un ordre écrit et nominatif. L’action collective peut le forcer à reconnaître la validité du droit de retrait. À défaut il faut engager une action en référé devant un juge administratif. En cas de difficultés contacter le syndicat SUD éducation qui vous accompagnera et vous soutiendra dans vos démarches juridiques.

En parallèle, un préavis de grève de SUD éducation couvre l’ensemble des personnels. Dans l’attente du jugement (les procédures en référé sont rapides) l’agent peut user de son droit de grève afin de rester chez lui. Si le jugement est en faveur de l’agent la période de grève sera requalifiée en droit de retrait et l’administration devra rendre l’argent qu’elle aura éventuellement prélevé. En aucun cas l’agent pourra être considéré en « abandon de poste » à partir du moment où il maintient un lien avec son administration (par exemple répondre aux mails) et où il est couvert par un préavis de grève portant sur les mêmes motifs que le droit de retrait.

Pas de rentrée en mai pour les AED, AP et AESH !

SUD éducation revendique que l’administration protège ses salarié-e-s précaires en terme de santé. L’urgence est d’abord sanitaire !

AED : protégeons les travailleurs et travailleuses précaires face au Covid-19 : https://www.sudeducation.org/AED-protegeons-les-travailleurs-et-travailleuses-precaires-face-au-Covid-19.html?var_mode=calcul

AESH : Protégeons les travailleurs précaires face au Covid-19 : https://www.sudeducation.org/AESH-Protegeons-les-travailleurs-precaires-face-au-Covid-19.html?var_mode=calcul

AED, AESH, Enseignant-e-s et Agent-e-s contractuel-le-s : la reprise ne devra pas se faire au détriment de votre santé !
https://www.sudeducation.org/AED-AESH-Enseignant-e-s-et-Agent-e-s-contractuel-le-s-la-reprise-ne-devra-pas.html?var_mode=calcul

Le guide AESH de SUD éducation : https://www.sudeducation.org/Guide-AESH.html?var_mode=calcul

Covid-19 et instrumentalisation des classes populaires : les moyens sont toujours insuffisants !

Depuis l’annonce présidentielle de réouverture des établissements scolaires on assiste à une instrumentalisation des classes populaires de la part du gouvernement, qui est inacceptable. SUD éducation depuis plusieurs années dénonce l’insuffisance des moyens dans les quartiers populaires et l’éducation prioritaire.
La fermeture des établissements scolaires à partir du 16 mars 2020 a eu pour effet un creusement des inégalités sociales et scolaires. En effet, les élèves et les familles les plus éloignées de l’école se sont retrouvées encore plus à distance de cette dernière. Malgré les efforts des personnels de l’Éducation nationale pour maintenir le lien avec les élèves des zones d’éducation prioritaire, nous faisons le constat de ce creusement des inégalités.

Confinement et creusement des inégalités

Le gouvernement et le ministère ont renvoyé au local la recherche de solutions pratiques. Malheureusement, cela se fait en toute méconnaissance des conditions de vie et de ressources des familles dans les zones prioritaires.
Le ministre parle d’une perte de 5 à 8 % des élèves dans le cadre de son invention de « continuité pédagogique », ce chiffre est largement sous-estimé.
Le gouvernement plutôt que de se focaliser sur le monde économique aurait dû prendre une mesure d’égalité sociale en rendant l’accès à Internet gratuit pendant la période de confinement et en équipant les élèves et les familles qui ne l’étaient pas en moyens informatiques : cela aurait pu s’inscrire dans le cadre d’une réquisition de biens et de services utiles aux populations les plus défavorisées. Le gouvernement aurait également pu mettre en place une “trêve des loyers” pour aider les familles en difficulté financière. Ceci afin de corriger les inégalités sur le plan matériel, mais il ne faut pas oublier que les inégalités d’accès aux savoirs scolaires sont aussi essentiellement dû au milieu familial et sont donc très largement amplifiées dans cette période de confinement.
Enfin, nombre d’élèves des quartiers populaires ont fortement souffert de l’absence de la demi-pension durant la période de confinement. SUD éducation a écrit au ministre pour que les familles se voient obtenir sans démarche les fonds sociaux correspondant pour toute la période du confinement.
Pourtant ce gouvernement montre qu’il a des moyens, mais il les consacre largement à la répression dans les quartiers et cités populaires qui subissent, aujourd’hui comme hier, beaucoup plus de contrôles (abusifs notamment) et de violences policières.

Réouverture le 11 mai : l’argument de renouer le lien avec les populations défavorisées n’est qu’un alibi

Le gouvernement se cache derrière un argument faussement social, qui ferait de la réouverture le 11 mai une solution pour retrouver les élèves laissé-e-s sur le bord du chemin, notamment dans les classes populaires. Or, il n’en est rien ! La motivation de cette réouverture est avant tout économique et vise à faire reprendre l’appareil productif qui ne s’est pas arrêté. De nombreux parents sont à domicile en arrêt de travail pour garde d’enfants de moins de 16 ans du fait de la fermeture des établissements scolaires : l’objectif du gouvernement est qu’ils et elles retournent au travail, ce que montre également la mesure de suppression de l’arrêt du travail pour garde d’enfants de moins de 16 ans au 1er mai. Nous ne croyons pas que cette mesure soit une disposition de justice sociale, puisque en faisant passer les salarié-e-s en garde d’enfants en activité partielle le patronat va réaliser de substantielles économies.
Les zones prioritaires concentrent les emplois les moins qualifiés, le gouvernement souhaite avant tout que les travailleuses et travailleurs retournent au boulot.

Enfin, le gouvernement a annoncé que le retour à l’école se ferait sur la base du volontariat des familles, ce qui est au passage un aveu de la dangerosité de la réouverture des écoles. Cette annonce concernant le volontariat est scandaleuse : en effet, elle fait porter sur les familles le poids de la responsabilité d’exposer leurs propres enfants au virus. Or, pour beaucoup de familles, ce ne sera pas un choix : elles seront purement et simplement contraintes de retourner au travail, notamment par la suppression des dispositifs d’aide (garde d’enfants, chômage partiel, aides sociales exceptionnelles …). Enfin, les parents des classes populaires ont moins que les autres la possibilité de télé-travailler. Le faux volontariat voulu par le gouvernement, c’est d’abord les familles des classes populaires qui le subiront !

Délaissement de l’éducation prioritaire : des moyens maintenant !

Les quartiers prioritaires sont de plus en plus délaissés par les gouvernements successifs et connaissent des fermetures de services publics vitaux à la population.
Les moyens dans l’éducation prioritaire ne sont pas là.
Depuis 2005, on assiste également à la suppression méthodique des Réseau d’Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté (RASED) qui pouvaient fournir des aides à la remédiation pour les élèves des zones d’éducation prioritaires. L’enseignement spécialisé coûtant trop cher au ministère, il choisit de le liquider !
Le ministère a fait jouer sa communication à plein régime avec les CP/CE1 « 100 % de réussite », ce qu’il a oublié de dire c’est que leur mise en place s’est faite à moyens constants sans création de postes, en redéployant des moyens existants, et notamment en supprimant un grand nombre de PDMQDC. Ceci a eu pour effet de vider les moyens de remplacements à disposition dans le département et de laisser des classes sans enseignant-e-s quand le/la titulaire du poste est en arrêt.
Le rapport Mathiot-Azémat sur l’éducation prioritaire qui a été remis au ministre de l’Éducation nationale nous inquiète particulièrement sur l’avenir des zones d’éducation prioritaires : seuls les REP+ resteraient sous la gestion ministérielle et les REP seraient laissés à la gestion des recteur·rice·s qui décideraient de l’octroi du label. Les choix politiques qui sont faits concernant l’éducation prioritaires le sont avant tout sous le sceau des économies budgétaires, et pas sous celui de la pédagogie et de la volonté de combler les inégalités sociales et scolaires sur le territoire.
Enfin, à la fin de l’année scolaire 2018-2019, 70 « cités éducatives » ont été lancées sur le territoire national : ces coquilles vides sont un cheval de Troie de la contractualisation des moyens et de la territorialisation de l’école. Si c’est ça l’éducation prioritaire que veut le gouvernement, pour SUD éducation ce sera non !

Nous refusons que les classes populaires servent d’alibi à la mise en danger de la population, et leur stigmatisation, en envoyant les enfants des classes populaires en première ligne dans les écoles face au virus (alors que les autres auraient le choix de ne pas y aller).

Pour SUD éducation il y a urgence à prendre des mesures immédiatement :

  • Un plan d’investissement massif dans les services publics dont celui d’éducation dans les zones prioritaires.
  • Diminuer les effectifs par classes : 16 élèves maximum en REP et REP+.
  • Un recrutement de personnels à hauteur des besoins (Enseignant-e-s, AED, AESH,…) réels en ouvrant plus de postes au concours et en titularisant tou-te-s les contractuel-le-s déjà en poste.
  • L’abandon du projet de réforme de l’éducation prioritaire basé sur le rapport Mathiot-Azéma.
  • Un moratoire sur les loyers pour l’ensemble des familles concernées, comme l’ont fait certaines mairies.
  • L’arrêt des violences policières et des contrôles au faciès.

Pour SUD éducation, il ne doit y avoir aucune réouverture avant septembre : droit de retrait à compter du 11 mai !

Le premier ministre a annoncé aujourd’hui les modalités prévues de réouverture des écoles, collèges et lycées. D’après le scénario retenu, les écoles maternelles et élémentaires rouvriraient à compter du 11 mai, peut-être dans leur ensemble, puis les collèges à partir du 18 mai dans les départements moins touchés par l’épidémie, en commençant par les classes de 6e et 5e. La réouverture des lycées serait décidée fin mai, pour une reprise éventuelle courant juin, en commençant par les lycées professionnels. L’ensemble est toujours très flou en termes d’organisation et largement renvoyé au niveau local.

Ces nouvelles annonces montrent que la réouverture des écoles et établissements a pour objectif premier de permettre au patronat de reconstituer ses profits en permettant aux élèves les plus jeunes d’être pris en charge au plus vite par l’école. Le gouvernement a reculé pour les collèges et les lycées : c’est à mettre au crédit de la mobilisation des parents et des personnels avec leurs organisations syndicales. Mais il demeure inacceptable qu’enfants et personnels du premier degré soient plus exposé-e-s que les autres.

Sur le plan sanitaire, les éléments donnés par le gouvernement sont très insuffisants par rapport à ce que revendiquent les personnels avec leurs organisations syndicales, concernant les tests, les masques, la désinfection des locaux. En particulier, les garanties exigées par SUD éducation depuis le discours de Macron le 13 avril ne sont pas du tout satisfaites.

Dès le vendredi 17 avril, SUD éducation a saisi le Conseil scientifique. Samedi 25, celui-ci déclarait qu’il proposait de fermer les écoles et établissements jusqu’à septembre et indiquait, prenant acte de la « décision politique » de la réouverture à compter du 11 mai, un ensemble de mesures impossibles à mettre en œuvre dans les délais impartis. Le premier ministre a été contraint de concéder que la date du 11 mai pourrait être remise en cause en cas de mauvais indicateurs sanitaires. De nombreuses municipalités s’opposent également à la réouverture des écoles le 11 mai.

SUD éducation revendique que la réouverture des écoles et établissements ne se fasse aucunement avant septembre, le temps que les garanties indispensables puissent être données. Dès à présent, il faut que la rentrée de septembre soit préparée avec sérieux, non seulement sur le plan des garanties sanitaires mais également par la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour l’éducation.

SUD éducation appelle tous les personnels à exercer leur droit de retrait à compter du 11 mai.
SUD éducation mettra à disposition des personnels tous les outils pour mettre en œuvre ce droit (fiches pratiques, modèles de recours), ainsi qu’un préavis de grève pour couvrir tous les personnels, notamment au cas où les droits de retraits ne seraient pas reconnus.
SUD éducation appelle l’ensemble des personnels à décider ensemble des suites à donner à la mobilisation, et à définir eux-mêmes et elles-mêmes les garanties préalables à tout retour en classe.
Enfin, compte tenu des risques encourus par les personnels, SUD éducation a entamé lundi 27 avril une procédure devant les juridictions administratives contre la réouverture des écoles et établissements le 11 mai.

Le Conseil scientifique demande la réouverture des écoles et établissements en septembre : pour SUD éducation, le 11 mai c’est toujours non

Dans une note rendue publique samedi 25 avril, le Conseil scientifique préconise la réouverture des écoles et des établissements en septembre.
Le Conseil scientifique indique dans une autre note spécifique que la décision de les rouvrir de manière prématurée le 11 mai est une « décision politique » et non sanitaire.

Le Japon notamment, qui a ainsi rouvert partiellement ses écoles le 6 avril, les a de nouveau fermées une semaine plus tard, confronté à une seconde vague de contamination. Le président Macron et le gouvernement ont décidé de passer outre l’avis du Conseil scientifique dans l’unique but de satisfaire le patronat en renvoyant les salarié-e-s sur leur lieu de travail au mépris de leur vie et de leur santé.

Dans ce contexte, SUD éducation se montrera particulièrement attentive aux annonces que doit faire le Premier ministre mardi prochain, tant du point de vue des garanties sanitaires que des conditions de télétravail. Pour SUD éducation, l’urgence est avant tout sanitaire : le gouvernement et le ministre n’apportent aucune garantie pour la santé et la sécurité des personnels, élèves et parents.

À défaut des garanties indispensables, SUD éducation appellera les personnels à ne pas se rendre dans leur école ou établissement le 11 mai dans le cadre de leur droit de retrait ou de leur droit de grève.

Mayotte : non à la surenchère sécuritaire dans l’Éducation nationale

Avec l’arrêté du 7 avril 2020, les agent-e-s des équipes mobiles de sécurité à Mayotte sont autorisées par l’administration à s’équiper de matraques de type bâton de défense ou tonfa, de matraques et tonfas téléscopiques, relevant de la catégorie D. Il leur suffira d’avoir une attestation délivrée par le recteur et visé par le préfet de Mayotte. Ces équipements ne sauraient constituer une réponse satisfaisante pour assurer la sécurité des personnels et des élèves dans les établissements scolaires.

A travers un recours gracieux auprès des ministres de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, la fédération des syndicats SUD éducation demande le retrait de l’arrêté du 7 avril 2020 relatif à l’autorisation de détention et de port d’armes pour les agent-e-s des équipes mobiles de sécurité du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse dans le Département de Mayotte, publié au Journal officiel de la République Française le 9 avril 2020.

La mission des Équipes mobiles de sécurité, mises en place à partir du mois de mars 2010, est avant tout d’intervenir auprès des établissements et sur leur demande pour mener des opération de sécurisation des abords par des actions de prévention auprès des élèves notamment.

L’arrêté du 7 avril 2020 modifie les missions des EMS (équipes mobiles de sécurité) en introduisant de façon réglementaire le fait que les équipes mobiles de sécurité armées se substitueraient aux forces de la sécurité intérieure. Ces dernières sont formées aux opérations de sécurisation et de maintien de l’ordre. Or, les EMS sont placées sous l’autorité fonctionnelles des chef-fe-s d’établissement qui ne sont pas formé-e-s pour encadrer des personnels armés.

Les risques encourus par la population scolaire sont insuffisamment pris en compte dans l’arrêté qui n’offre aucune garantie concernant une éventuelle structure de contrôle de l’action des EMS

La fédération des syndicats SUD éducation demande l’annulation de l’arrêté querellé.
Pour SUD éducation, une approche éducative doit être globale et non répressive ; il faut d’abord des moyens humains et matériels conséquents dans ce territoire délaissé par la Métropole qu’est Mayotte.

Le recours gracieux :

Fonctionnaires stagiaires de l’Éducation nationale : SUD éducation est à vos côtés

L’annonce de la réouverture progressive des établissements scolaires à partir du 11 mai par le Président de la République inquiète particulièrement les personnels pour qui cette année est décisive dans la poursuite de leur carrière : les personnels stagiaires.

Des conditions de titularisation déconcertantes

En temps normal, pour être titularisé-e les personnels stagiaires qui enseignent dans les écoles, collèges et lycées doivent d’une part effectuer en temps que fonctionnaire stagiaire, un stage rémunéré d’un an et obtenir un avis favorable de la part du jury académique d’évaluation qui s’appuie sur les visites de l’Inspection et sur l’avis des supérieurs hiérarchiques. D’autre part ils doivent valider au sein des INSPÉ un diplôme de master ou un titre équivalent.
Les enseignant-e-s qui étaient en stage cette année ont été confronté-e-s à des obstacles inattendus : à la difficulté d’apprendre à enseigner, s’est ajoutée la gageure d’apprendre à enseigner à distance ainsi que la pression de l’incertitude de la titularisation en fin de l’année (sans cadrage ni formation).
Pour SUD éducation, aucun-e candidat-e ne devra être « laissé-e sur le carreau » pour reprendre la formule du ministre Blanquer.

Inspection dans l’EN

Pour SUD éducation, si la réouverture progressive des écoles et des établissements scolaires a lieu à partir du 11 mai, il est inenvisageable d’imposer aux stagiaires des visites de l’Inspection dans de telles conditions d’incertitude en mai et juin. Les stagiaires ne doivent pas subir une situation doublement anxiogène : celle de travailler pendant l’épidémie et celle d’être visité-e par appréhender une visite de l’Inspection.

Validation à l’INSPE

De même, les modalités de validation du diplôme de master ou d’un autre titre équivalent, nécessaire à la titularisation, doivent être adaptées pour respecter les règles sanitaires.
SUD éducation revendique l’annulation des épreuves orales qui doivent avoir lieu en mai/juin ainsi qu’un allègement des exigences concernant le mémoire écrit afin de prendre en considération les difficultés matérielles survenues pendant le confinement.

Des situations sur le territoire

Des consignes claires doivent être données au sujet des modalités de titularisation par le Ministre aux jurys académiques afin de d’assurer l’équité de traitement entre les personnels stagiaires sur le territoire. Il est inenvisageable de laisser aux académies et aux INSPÉ la possibilité de fixer leurs propres conditions de titularisation selon les disciplines.

Pour SUD éducation, cette crise sanitaire a montré l’urgence à recruter davantage de personnels dans les écoles et les établissements scolaires afin de réduire les inégalités scolaires et d’accompagner au mieux les élèves. Le Ministre de l’Éducation nationale doit prendre ses responsabilités en permettant à un maximum de personnels stagiaires d’être titularisé-e-s puis en les accompagnant avec une formation par les pairs tout au long de leur carrière.

Nouvelles annonces sur la réouverture des écoles et des établissements : pour SUD éducation c’est toujours non !

Ce 21 avril, le ministre Blanquer est venu défendre devant la commission des Affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale. La décision du gouvernement de réouvrir les écoles et les établissements à partir du 11 mai.

Blanquer a annoncé qu’il y aurait une pré-rentrée le 11 mai pour les personnels, suivie dans la semaine d’une rentrée pour les élèves de grande section, de CP, de CM2, ainsi que les CE1 en Rep+, et dans les écoles rurales à faible effectif.
Dès le 18 mai, le ministre annonce la rentrée des élèves de classe de sixième, troisième, première et terminale en série générale et technologique, ainsi que les élèves de lycée professionnel dans les filières industrielles.
Dès le 25 mai, Blanquer envisage une reprise pour tous les élèves, c’est-à-dire pour 12 393 400 élèves soit 18,5 % de la population française.
Il se contente une nouvelle fois de renvoyer aux hiérarchies locales la mise en œuvre de ces annonces.

Le ministre n’apporte aucune garantie en matière de sécurité et de prise en charge des élèves : l’annonce des cours en demi-effectif indique qu’à l’échelle de certaines écoles, dans les collèges ou dans les lycées, plusieurs centaines d’élèves et de personnels pourraient se côtoyer sans respect des distances recommandées.

Le ministre n’apporte aucune information sur le matériel (masques, savon, gel hydroalcoolique) à disposition des personnels et des élèves ni rien non plus sur les tests. Il est manifeste que ces matériels ne seront pas disponibles en quantités suffisantes pour cette période. Il est incapable de donner des règles claires concernant le transport scolaire, l’internat, les élèves en situation de handicap, l’exiguïté des locaux, et la restauration scolaire.
Le ministre n’apporte aucune précision sur la charge de travail des personnels enseignants, en annonçant que le travail à distance sera conjugué au travail dans les établissements scolaires.

Une nouvelle fois, le ministre a révélé l’amateurisme du gouvernement. Il est totalement irresponsable de faire prendre de tels risques aux enseignant-e-s, élèves, leurs parents et leurs proches qui ne peuvent conduire qu’à une deuxième vague de contamination massive. La réouverture précipitée des écoles n’a pour objet que de servir les profits des capitalistes en renvoyant leurs parents au travail : le gouvernement portera l’entière responsabilité de la mise en danger des personnels et des familles.

Pour SUD éducation, l’urgence est d’abord sanitaire : le gouvernement et le ministre n’apportent toujours aucune garantie pour la santé et la sécurité des personnels. À défaut des garanties indispensables, SUD éducation appellera les personnels à ne pas se rendre dans leur école ou établissement le 11 mai dans le cadre de leur droit de retrait ou de leur droit de grève.

L’école face à la crise sanitaire : SUD réclame sept mesures exceptionnelles

À la suite du discours d’Emmanuel Macron le 13 avril, le ministre Blanquer s’est exprimé dans les médias le 14 avril au sujet de la possible réouverture des écoles et des établissements à partir du 11 mai. Faire reprendre les élèves et non les étudiant-e-s, cela montre bien que la priorité est de faire prendre en charge les enfants des salarié-e-s, et non une question pédagogique.
Pour SUD éducation, l’urgence est d’abord sanitaire, et il s’agit en priorité de préserver la santé de la population, dont les personnels, les élèves et leurs familles. Les personnels seront légitimement en situation de se poser la question de leur sécurité ainsi que de celle des élèves, et le droit de retrait pourra s’imposer comme un mode d’action incontournable. SUD éducation s’opposera à la réouverture des écoles et des établissements tant que la situation sanitaire ne le permettra pas, et pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait.

La situation est exceptionnelle. Pour y répondre, SUD éducation revendique un ensemble de mesures à la hauteur de la situation. La fédération SUD éducation se tient prête à discuter de la mise en oeuvre d’un tel plan d’action exceptionnel, nécessaire dans la période.


1. Concernant les annonces de la réouverture des écoles le 11 mai

En premier lieu, la reprise ne pourra se faire que dans le cadre des garanties sanitaires les plus fortes. Le dépistage systématique et réguliers de l’ensemble des personnels et des élèves doit être un préalable à la reprise des cours. Le nettoyage des locaux devra pouvoir être régulièrement fait par des personnels protégés et équipés du matériel adéquat. Le matériel nécessaire (masques, gels hydroalcoolique) devra être mis à disposition en quantité suffisante dans l’ensemble des écoles, établissements et universités. Les effectifs par classe doivent être immédiatement réduits pour respecter la distanciation sociale. Un plan de suivi sanitaire des élèves et des personnels doit être mis en place immédiatement. Au-delà , il est indispensable que les règles prévues dans la réglementation concernant la santé des personnels soient enfin respectées, et notamment la visite médicale de droit. Cela implique la création d’une médecine de prévention digne de ce nom, et donc un recrutement massif de médecins, alors qu’actuellement il n’y a qu’un médecin de prévention pour 22 000 personnels de l’éducation. SUD éducation s’opposera à la réouverture des écoles et des établissements tant que la situation sanitaire ne le permettra pas, et pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait.

2. Concernant l’enseignement à distance

Durant la période de fermeture des écoles, établissements et universités, le lien scolaire continue de perdurer, à travers les efforts déployés par les personnels pour rester en contact avec les élèves et les familles. En dépit de ces efforts et contrairement à ce que le ministre a annoncé, ce n’est pas 5% des élèves qui ont décroché, mais bien plus, notamment les plus précaires, les moins équipé-e-s, les moins à l’aise avec l’outil numérique, sans compter les difficultés à travailler en autonomie ou sans aide. Pour SUD éducation, il est inacceptable de continuer à mettre la pression sur les personnels, mais aussi sur les élèves et les familles, pour lesquelles les situations sont très variables et souvent compliquées dans cette période. En particulier, nous considérons qu’il ne faut pas faire étudier de nouvelles notions pendant cette période, ce qui aurait nécessairement pour effet d’accentuer les inégalités scolaires plus fortes encore que d’habitude. De la même manière et pour les mêmes raisons, il ne saurait y avoir une quelconque prise en compte d’évaluations durant cette période. Une communication claire doit être faite par le ministère en direction des personnels, des élèves et de les parents : que l’école s’est bien arrêtée le 13 mars, même si les personnels mettent beaucoup en oeuvre pour maintenir un lien scolaire. Il est difficile d’évaluer les conséquences du confinement sur les élèves et qu’il faudra prendre en compte à la reprise.

3. Concernant les examens

La prolongation du confinement implique l’abandon des épreuves de fin d’année du baccalauréat et du DNB. Le ministre avait déjà annoncé cela vendredi 3 avril, excepté pour les épreuves de Français, en annonçant que l’obtention du baccalauréat serait fonction du contrôle continu. Pour SUD éducation, le contrôle continu est dans toutes les circonstances une mauvaise idée, tant il répercute les inégalités scolaires de départ en plus d’accentuer les inégalités entre établissements. Dans cette situation, et alors que seuls deux trimestres auront pu faire l’objet d’évaluations, c’est encore pire. Pour SUD éducation, la seule solution raisonnable consiste dans le fait de valider l’examen pour tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s (tout en autorisant le redoublement pour celles et ceux qui le souhaiteraient). En ce qui concerne les épreuves anticipées de Français, on voit une nouvelle fois comment le ministre s’est ridiculisé en annonçant leur maintien : SUD éducation réclame toujours, évidemment, leurs suppressions. Dans l’enseignement supérieur, il ne doit pas non plus y avoir d’épreuves, que ce soit en présentiel ou à distance.

4. Concernant les stagiaires et les concours de recrutement

Les incertitudes pèsent lourdement sur les concours. Pour les concours dont les épreuves écrites ont déjà eu lieu, Blanquer veut imposer des épreuves orales en juin et juillet selon les cas, sans apporter aucune garantie sanitaire. Les annonces relatives à la visoconférence ne sont pas de nature à rassurer quant à l’égalité de traitement des candidat-e-s. Qui plus est, cela ne laissera qu’évidemment trop peu de temps aux lauréat-e-s pour préparer leur rentrée. Pour les épreuves internes, les épreuves sont prévues en septembre, ce qui empêchera les prises de poste à la rentrée. Pour SUD éducation, les épreuves doivent être limitées à des écrits, organisés avec toutes les garanties sanitaires, et permettre une prise de poste en septembre avec la formation nécessaire.
En ce qui concerne les enseignant-e-s stagiaires cette année, nous considérons que l’ensemble des enseignant-e-s stagiaires doit recevoir au plus vite la garantie d’être titularisé-e-s, et recevoir dès leur première année une formation conséquente sur temps de travail pour favoriser au mieux leur entrée dans le métier.

5. Concernant les difficultés sociales des familles

Le confinement et l’éloignement de l’école a des conséquences sociales extrêmement importantes pour les familles. L’accès à la demi-pension représente pour un nombre important de familles une garantie d’accès à un repas équilibré pour chaque jour d’école. L’éloignement de l’école représente pour de nombreuses familles une difficulté financière insoluble. SUD éducation a écrit le 12 avril au ministre pour l’alerter de cette situation et demander le versement sans démarches préalables aux familles du montant des prestations sociales qui auraient dû leur être versé en l’absence de confinement. Les difficultés des familles ne concernent pas seulement l’alimentation. Les violences intra-familiales, notamment les violences faites aux femmes et sur enfants, explosent durant cette période. Nous exigeons que les moyens les plus importants soient déployés pour protéger les plus fragiles, et qu’une communication claire sur les procédures à suivre soit adressée aux personnels, qui peuvent être amenés dans cette période à avoir connaissance de tels faits.

6. Concernant l’orientation et Parcoursup

Pour les élèves, les démarches d’orientation sont compromises. Plus encore que d’habitude, c’est l’école du tri social qui va fonctionner à plein régime. Le dispositif de sélection à l’entrée à l’université qu’est Parcoursup est maintenu tel que prévu dans cette période, alors que le lien avec les enseignant-e-s et les conditions d’accès au numérique sont très variables d’un-e élève à l’autre. Pour SUD éducation, cette situation n’est pas tenable : il faut impérativement attribuer à chaque bachelier-e une place dans la filière de son choix. Cela demandera des créations de postes : il s’agit de traduire immédiatement dans le concret les annonces du président sur les nécessaires investissement dans les services publics et notamment dans l’enseignement supérieur et la recherche.

7. Concernant les moyens indispensables pour la prochaine rentrée

12 millions d’élèves et étudiant-e-s, pour lesquel-le-s l’école se sera arrêtée le 13 mars, auront manqué un nombre important de semaines de cours. L’année scolaire prochaine, le défi sera énorme pour les personnels, notamment pour celles et ceux qui accueilleront les élèves dans des classes charnières (CP, sixième, seconde…). Il est impensable que ce travail se fasse dans les conditions actuellement prévues pour la rentrée 2020. Certes, un certain nombre de postes supplémentaires ont été prévus dans le premier degré, mais ceux-ci ne couvriront même pas les besoins liés aux annonces antérieures à la pandémie (dédoublement en grande section, grandes sections, CP et CE1 non-REP ou REP+). Or, ce qu’il faut maintenant, ce sont des créations massives de poste dans le premier et le second degré pour permettre au mieux une pratique pédagogique tenant compte du contexte, notamment par le biais de la limitation du nombre d’élèves par classe, au sujet de laquelle nous portons un certain nombre de revendications.

Pour SUD éducation, il est plus que temps de mettre fin à la casse du service public et aux réformes régressives. Sortons du capitalisme et ses crises : imposons un autre avenir pour une autre société

Le RASED, pilier indispensable à une école pour toutes et tous.

Un dispositif d’adaptation à reconstruire !

Les Réseaux d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté (RASED) contribuent depuis leur création en 1990 à prévenir et à réduire les difficultés durables liées aux apprentissages à l’école que les enseignantes et enseignants ne peuvent résoudre seuls en classe.

Entre la rentrée 2007 et la rentrée 2012, les politiques visant à réduire les postes ont touché directement les dispositifs RASED qui ont perdu plus de 5000 emplois soit un tiers de leurs effectifs. Si les suppressions massives sont enrayées, la répartition des postes reste très inégale sur le territoire et ils n’ont été que très peu ré-abondés. Malgré une nouvelle circulaire 2014 qui réaffirme les missions spécifiques des trois professions du RASED, il n’y a toujours pas de relance du dispositif. Une réorientation voire un détournement de ses missions vers du simple conseil aux enseignant·e·s pour le traitement de la difficulté scolaire, n’est pas acceptable.

Ces évolutions fragilisent le dispositif notamment dans ses missions de prévention, passées aux oubliettes, et de remédiation en réduisant les réponses apportées aux élèves. Elles mettent à mal la co-construction de réponses adaptées et complémentaires au sein de l’équipe enseignante, le nécessaire lien avec les familles et le travail partenarial avec les acteurs du médico-social. Dans un contexte de standardisation dictée par les évaluations nationales, l’approche de la difficulté scolaire n’est vue qu’à l’aune des neurosciences et de ses protocoles. Aux situations inévitablement complexes de l’enfant en « mal d’école », le ministère répond systématisation des apprentissages et recherche d’un diagnostic médical pour justifier l’écart à la norme.

La prise en compte de la difficulté scolaire ou encore la mise en place d’une école qui pense la réussite de toutes et tous, ne doivent pas être seulement des slogans : il est donc plus que temps de réaffirmer et de revendiquer pour les RASED les moyens nécessaires à l’accompagnement des enseignant·es et des élèves qui ont le plus besoin d’école.

Sommaire
1 Edito
2 Une répartition inégale
3 Le RASED, Kesako ?
4 Des missions réaffirmées et revendiquées

La colère des quartiers populaires est légitime

Tribune unitaire parue dans le Bondy Blog, Médiapart et Regards

Ces derniers jours, l’accident grave survenu à Villeneuve-la-Garenne a provoqué une série de tensions entre jeunes et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers populaires. Une trentaine d’organisations politiques, syndicales et militantes, parmi lesquelles la CGT, le Comité Adama, le NPA et Solidaires, appellent à considérer cette colère pour ce qu’elle est.

Ces derniers jours, l’accident grave survenu à Villeneuve-la-Garenne a provoqué une série de tensions entre jeunes et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers populaires. Une trentaine d’organisations politiques, syndicales et militantes, parmi lesquelles la CGT, le Comité Adama, le NPA et Solidaires, appellent à considérer cette colère pour ce qu’elle est.

La tribune parue dans le bondy blog

Dans la nuit du 19 au 20 avril, plusieurs quartiers populaires ont connu des nuits de révolte.

La veille au soir, un homme a failli perdre sa jambe à Villeneuve-la-Garenne après une violente tentative d’interpellation policière et c’est bien cela qui a mis le feu aux poudres.

Les populations qui vivent dans les quartiers populaires sont en première ligne face à la crise sanitaire : elles sont parmi celles qui travaillent dans les « secteurs essentiels », celles qui permettent à notre société de ne pas s’effondrer aujourd’hui.

Pourtant, les inégalités sociales, déjà criantes, sont renforcées par la gestion du coronavirus et vont exploser avec la crise économique et sociale à venir. Ce dont témoigne déjà, entre autres, la surmortalité particulièrement élevée en Seine-Saint-Denis depuis le début de l’épidémie.

Les discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient dans les quartiers populaires. On peut y ajouter le couvre-feu discriminatoire imposé aux habitant·es de ces quartiers par la ville de Nice. Ces injustices flagrantes sont documentées, nul ne peut les ignorer.

Alors nous le disons très clairement : nous refusons de renvoyer dos-à-dos les révoltes des populations dans les quartiers populaires et les graves et inacceptables violences policières qui les frappent.

Nous n’inversons pas les responsabilités et nous le disons tout aussi clairement : ces révoltes sont l’expression d’une colère légitime car les violences policières ne cessent pas.

Les inégalités et les discriminations doivent être combattues avec vigueur et abolies : avec les populations des quartiers populaires, nous prendrons part à ce juste combat pour l’égalité, la justice et la dignité.

Le 23 avril 2020

Premières organisations signataires :

ATTAC, Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne
CCIF, Collectif contre l’islamophobie en France
CGT, Confédération générale du Travail
Collectif de la Cabucelle, Marseille
Collectif du 10 novembre contre l’islamophobie
Comité Adama
CNT-SO, Confédération nationale du Travail-Solidarité ouvrière
CRLDHT, Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
Ensemble
FASTI, Fédération des Associations de solidarité avec toutes et tous les immigré·es
Fédération SUD éducation
Fédération SUD PTT
Fédération SUD-Rail
Femmes égalité
Femmes plurielles
FTCR, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives
FUIQP, Front uni des immigrations et des quartiers populaires
JJR, Juives et juifs révolutionnaires
Marche des solidarités
Mouvement La révolution est en marche
Mwasi, Collectif Afroféministe
NPA, Nouveau parti anticapitaliste
Le Paria
PCOF, Parti communiste des ouvriers de France
PEPS, Pour une écologie populaire et sociale
SNPES-PJJ FSU, Syndicat national des personnels de l’éducation et du social PJJ de la FSU
SQPM, Syndicat des quartiers populaires de Marseille
UCL, Union communiste libertaire
Union locale villeneuvoise, Villeneuve-Saint-Georges
UJFP, Union juive française pour la paix
Union syndicale Solidaires
UTAC, Union des Tunisiens pour l’action citoyenne

Les risques psychosociaux de la « continuité pédagogique »

Dans un contexte d’urgence sanitaire, les personnels de l’éducation nationale et des universités déploient leur  engagement professionnel et leur bon sens pour faire face autant que possible aux enjeux du moment. C’est avec leurs ressources propres qu’ ils et elles doivent répondre aux nécessités du terrain. Le télétravail risque de se poursuivre au-delà de la réouverture des lieux de travail. Le confinement a permis d’ imposer ces modalités de travail pathogènes d’où la nécessité de s’outiller syndicalement. C’est notre travail qui est malmené, notre santé qui est entamée, notre vie personnelle qui est aspirée.

UN CONTEXTE PATHOGÈNE IDENTIFIABLE

Mépris des conditions matérielles de télétravail : les agents utilisent leur matériel personnel et leurs abonnements en dépit des réglementations. Ce qui constitue un premier point de dénigrement.

Des missions impossibles : « Ne laisser aucun élève au bord du chemin ». En temps normal notre école souffre de l’absence de classes relais et de structures médico-psychologiques, de mesures sociales et éducatives opérantes… Dans cette situation «, exceptionnelle, » c’est d’autant plus mission impossible. Il n’y a pas d’informatique magique !

Des transformations brutales de nos missions : Dans un premier temps on nous a demandé de leur téléphoner… Le but était laissé à la libre interprétation de chacun.e, : assistance technique, assistance morale, soutien psychologique, surveillance des connexions. Ainsi ballotté.es entre le souci de bien faire et la peur de mal faire, nous sommes confronté.e.s à un changement de nos missions. Cela donne une dimension culpabilisante, un sentiment d’incompétence et un conflit de valeur.

Surcharge de travail : pour donner du travail à nos élèves nous avons dû revoir nos modes de communication. L’information en présence passe à 70% par du non verbal. Malgré nos efforts, de nombreuses questions ont atterri dans nos messageries, messages d’élèves, de parents auxquels s’ajoutaient les discussions de collègues concernant le suivi des élèves et les questions techniques (comment on fait ci, où on met ça, etc…)

Zéro protection, zéro prévention concernant d’éventuels abus, violence verbale ou harcèlement en ligne (ou téléphonique). Aucune protection des données assurée sur les plateformes validées par le ministère. Aucune garantie de propriété intellectuelle. Aucune assurance du respect du droit à l’image en visioconférences…

Injonctions contradictoires : inciter les parents à s’équiper en informatique a pour conséquence de les inciter à faire des dépenses et/ou se déplacer (donc s’exposer à des risques de contagion et de verbalisation des forces de l’ordre). Par ailleurs le numérique étant une catastrophe écologique, le « dispositif » constitue un problème éthique.

Un travail inutile ? une mère d’élève écrit pour dire que sa fille ne pourra pas faire son travail parce qu’elle a trop de travail dans d’autres matières… Un collègue apprend que les notes qu’il donne ne compteront pas… Le temps passé à réaliser une activité et seulement quelques élèves y répondent.

Problème de séparation entre l’espace de travail et l’espace privé ce qui pose un risque psychosocial propre au télétravail. Ce risque est augmenté par le confinement et l’absence d’interactions sociales extérieures, de libertés…

C’est le moment de ne pas rester isolé-e-s. Contactons-nous entre collègues pour nous parler du travail, de notre manière de l’envisager, de le réaliser, organisons-nous pour lutter contre les demandes ou organisations qui nous éloignent du cœur de notre métier, mettons aussi en mots et en débats l’intérêt de l’école avec les usager-e-s, parlons de ce qui s’y joue et du lien fécond à tisser avec les familles.

Socialisons nos questionnements, collectivisons nos luttes.


SUD éducation revendique :
• la protection de la santé des personnels, l’intérêt et l’égalité des usager-e-s avant tout,
• que le numérique ne soit pas un outil de casse des liens sociaux au travail et avec les
usager-e-s ni un outil de contrôle des personnels et des populations, ni un outil de rente pour les firmes privées,
• le droit à la déconnexion avec le respect du temps de repos, de congés, ainsi que la vie personnelle, et familiale,
• l’analyse par les CHSCT de ce mode de travail sur la période et l’évaluation réelle et approfondie des risques provoqués par ce mode de travail,
• que le ministère recule sur le tout numérique et la mise en place du télétravail au nom d’une pseudo « continuité pédagogique »,
• l’école comme lieu de socialisation des connaissances et des tâtonnements pour construire les apprentissages

École numérique et confinement : le cas d’école de l’application Klassroom

Le confinement et l’impréparation du ministère en matière d’éducation numérique font les beaux jours d’EdTech France. Ce label désigne les startups qui s’affairent à une « révolution » : « mettre la technologie au service de l’éducation ». Il serait intéressant d’examiner le fonctionnement de toutes ces entreprises (EdTech France compte plus de 250 membres) mais nous allons nous intéresser plus particulièrement à Klassroom.

Klassroom, cheval de Troie d’une école capitaliste

Klassroom est une application payante qui se vante de « réinventer la communication entre les enseignants et les parents ». Elle a été créée par une startup du même nom en 2016 par deux personnes qui voulaient s’investir dans la scolarité de leur enfant. L’application est disponible sur le web et sur smartphone et se présente comme une application gratuite. Mais cette gratuité est de façade puisqu’il s’agit d’une stratégie commerciale bien connue du secteur numérique appelée « freemium » : attirer des clients pour un produit de base gratuit mais réserver des fonctionnalités à une version payante (24/an dans le cas de Klassroom). Le coût de l’abonnement peut être supporté par l’école ou par les parents. La version gratuite ne vous permet qu’un accès limité sur votre téléphone, vous pouvez uniquement consulter le dernier article publié par l’enseignant. La version payante vous donne droit à des avantages exclusifs. À chaque consultation de l’application on vous rappelle que vous pouvez payer pour bénéficier d’une meilleure expérience.

On voit donc s’appliquer un modèle économique libéral pour notre école : à partir d’une mission de service publique, la scolarité des enfants et les nécessaires échanges entre familles et enseignant·es, cette application arrive à imposer une dualité : dun côté, une expérience de base, gratuite pour tout le monde ; de l’autre, des avantages payants pour ceux et celles qui le peuvent et le veulent. Une scolarité de première classe et une scolarité de deuxième classe.

Déposséder de leur métier les enseignant·es

Démontons un postulat, celui de l’innovation pédagogique qu’induirait l’utilisation d’une telle application. Si on s’interroge un minimum sur l’application, on se rend compte qu’elle n’apporte rien de bien neuf : partager des photos de la vie de la classe, partager des travaux d’élèves via un site ou un journal papier, les enseignant·es font cela depuis bien longtemps dans les écoles.

Pour fonctionner et se faire connaître, cette application a été mise en avant par des enseignant·es blogueurs·euses sur leurs sites web. Ces enseignant·es sont ce qu’on appelle en marketing des influenceurs·euses : ils et elles touchent de larges communautés de personnes grâce au partage de leurs activités et travaux à destination des élèves. Ces enseignant·es sont souvent dithyrambiques sur l’application : « Klassroom me permet de communiquer quand je le souhaite, et d’où je le souhaite », dit Lutin Bazar.

Dans un contexte d’augmentation de la charge de travail chez les enseignant·es ces ressources partagées sont le plus souvent bienvenues. Mais nous ne devons pas oublier que loin de l’élaboration collective de dispositifs didactiques, ce prêt à consommer réduit notre esprit critique à peau de chagrin. Nous n’avons pas besoin d’une application pour travailler plus efficacement et être plus productifs·ives, nous avons besoin de temps pour élaborer nos outils et en rester maître.

« Le coronavirus, un choc d’innovation pour l’Éducation Nationale »

C’est le titre d’une tribune signée par la vice-présidente de Klassroom dans L’Express le 13 mars 2020. Le confinement permet à ces entreprises de rendre leurs produits indispensables pour la majorité des enseignant·es.

L’EdTech vante partout un choc d’innovation, comme si les enseignant·es n’étaient pas déjà en recherche, comme si ils et elles étaient coincé.e.s dans le passé. Les enseignant·es créent, construisent et innovent tous les jours.

Ce qui est vieux comme le monde c’est la capacité qu’ont certains vautours à toujours vouloir gagner profits et rentabilité sur le dos des services publics.

Covid-19 : les quartiers populaires en première ligne ! – Tribune unitaire parue dans Médiapart

À l’heure du Covid-19, dans les quartiers populaires, « les inégalités sociales et raciales contribuent à tuer les habitants à petit feu ». Conditions de confinement et accès aux soins difficiles, travailleurs en première ligne, criminalisation dans la rue et dans les médias… Face à la gestion « catastrophique voire criminelle » de la crise, un large collectif de citoyens exige que soient prises des mesures d’urgence pour protéger ces populations, « bouc émissaire facile d’un pouvoir aux abois ». Vous trouverez ci-dessous la totalité d’une tribune, parue dans Mediapart le 14 avril.

Dans cet article, vous trouverez une tribune parue dans Mediapart, à retrouver ici.

Depuis plusieurs semaines le monde est frappé par l’épidémie de Covid-19 et particulièrement la France, qui est devenue en l’espace d’un mois l’un des pays les plus frappés par le virus.

Si le virus ne fait pas de distinction entre les êtres humains, peu importe leur origine ou leur classe sociale, ce sont les inégalités sociales créées par les politiques gouvernementales successives et la gestion catastrophique voire criminelle du gouvernement actuel qui vient faire un tri social et racial dans la population.

Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’ensemble des propos de certains politiques ou éditorialistes, visant à faire passer les gens des quartiers populaires pour des animaux, pour des irresponsables. Le confinement est tout autant respecté dans les quartiers populaires qu’ailleurs.

Depuis le début de cette crise, les personnes issues de l’immigration et des quartiers populaires sont en première ligne face à cette épidémie. Ils sont dans le milieu de la santé, dans les maisons de retraite, les Ephad, les hôpitaux ; ce sont les aides-soignantes, les ASH, les infirmières, etc.

On les retrouve également dans les professions essentielles à la vie de la population : agents de nettoyage, cheminots, traminots, caristes, magasiniers, livreurs, caissières, etc. Ces personnes des quartiers populaires sont également contraintes par la pression du gouvernement et des patrons à travailler dans des entreprises non essentielles à la vie du pays pendant l’épidémie, comme dans le bâtiment, l’automobile ou l’industrie métallurgique, les mettant ainsi en danger.

C’est aussi dans ces quartiers populaires qu’une solidarité active se met en place par des jeunes et des moins jeunes de manière spontanée. Des portages de repas, de gants, de masques, d’explications sur la nécessité du confinement aux échanges de paroles avec les personnes les plus isolées ; la solidarité est totale et souvent de la part des plus démunis.

Nombre de personnes ont eu des proches atteints gravement par le virus, et beaucoup sont morts. Les premiers chiffres en attestent, avec l’augmentation de plus de 40% du taux de mortalité en un mois en Seine-Saint-Denis. Si le virus provient du pangolin, ce n’est pas lui le responsable. Par contre, ce sont bien les inégalités sociales et raciales qui contribuent à tuer ces habitants à petit feu.

Depuis des décennies, les moyens pour la santé sont de plus en plus rares. Les lits en réanimation par habitants sont moins nombreux dans les quartiers populaires et certaines campagnes qu’ailleurs. Concernant les médecins, on compte 54,6 médecins généralistes pour 100 000 habitants dans le 93 contre 71,7 en Ile de France. Les gens meurent car il est devenu de plus en plus difficile pour eux d’avoir accès aux soins. Les inégalités perdurent pendant le confinement.

Il y a celles et ceux qui se promènent dans les beaux quartiers, et les habitants des quartiers qui sont réprimés en bas de chez eux parfois en allant faire leurs courses. Nombre de personnes ne savent ni lire ni écrire, pourtant elles doivent elles aussi fournir une attestation pour aller faire des courses. Presque 10% des contraventions du pays ont été signifiées dans le seul département du 93, c’est dire le niveau de répression.

Comment ne pas vouloir également prendre l’air et respirer, lorsque l’on vit confiné depuis 4 semaines, dans des appartements exigus et souvent insalubres ? C’est d’ailleurs parfois et paradoxalement le confinement dans des logements exigus et sur-occupés du fait du manque de logements sociaux, qui tue.

Voilà la manière dont sont traités les gens issus de l’immigration vivant dans les quartiers populaires, criminalisés dans la rue comme dans les médias, alors qu’ils paient souvent un plus lourd tribut face au Covid-19.

Les inégalités ne s’arrêtent pas là. Transports insuffisants, chômage qui explose, multiplication des licenciements ou des fins de contrats, sans oublier une jeunesse des quartiers qui vit de plein fouet l’inégalité sociale dans l’apprentissage, manquant de moyens et d’aides concrètes.

Nous ne tomberons pas dans cette arnaque de l’unité nationale, qui voudrait que nous laissions mourir les plus faibles sans rien dire, comme si c’était une fatalité.

Nous exigeons d’urgence l’arrêt des entreprises non essentielles dans tout le pays.

Nous exigeons des moyens suffisants pour protéger celles et ceux en première ligne face au virus, dans la santé comme dans la production.

Nous exigeons des tests massifs pour toute la population, ainsi que la réquisition des logements vides et des hôtels, afin de protéger les familles qui en ont besoin.

Nous exigeons des transports permettant à ceux qui travaillent pour la survie de la population, de le faire sans danger, en lien avec les revendications des salariés et syndicats des entreprises concernées.

Nous exigeons que les aides sociales soient rehaussées pour que les précaires puissent vivre plus dignement.

Nous exigeons que soient interdits les licenciements, les ruptures de contrat et que le salaire soit maintenu à 100%.

Nous exigeons que les loyers, les charges notamment énergétiques soient gelées.

Nous exigeons un plan d’envergure pour l’hôpital public.

Nous exigeons la fin des contrôles au faciès qui génèrent des violences policières insupportables.

Nous exigeons la mise à l’abri ainsi que la régularisation de la situation administrative des migrants et des sans papiers.

Les habitants des quartiers populaires ne seront pas une fois de plus le bouc émissaire facile d’un pouvoir aux abois.

Face à un gouvernement au service des grands patrons, ce n’est pas à nous de payer ni leur crise économique, ni leur gestion catastrophique de la crise sanitaire.

Premiers signataires :

Hamza Aarab, militant MIB/FSQP Montpellier
Yamina Aissa Djabri, Militante des quartiers Toulouse
Marion Alcaraz, juriste
Sabrina Ali Benali, médecin
Sébastien Allary, porte parole DAL/HLM Montpellier
Torya Akroum, cheminote
Adil Amara
Mustapha Amokrane, Zebda-motives
Salah Amokrane, militant associatif
Hind Ayadi, habitante de Garges les Gonesse et fondatrice espoir et création
Verveine Angeli, Union syndicale Solidaires
Bally Bagayoko, adjoint au maire de Saint-Denis chef de file France insoumise
Manel Ben Boubaker, SUD éducation 93
Omar Benderra, militant associatif
Farid Bennaï, militant syndicaliste /FUIQP
Mohamed Bensaada, manipulateur radio et militant des quartiers populaires à Marseille
Wiam Berhouma
Olivier Besancenot, porte-parole NPA
Ahmed Berrhal, Syndicaliste CGT Ratp
Wiam Berhouma enseignante militante antiraciste.
Saïd Bouamama, sociologue
Taha Bouhafs, journaliste
Sabrina Bousekkine, association Émergence Blanc Mesnil
Youcef Brakni, membre du comité Adama
Gérard Chaouat, médecin, chercheur émérite CNRS
Louise Chapa, CGT éduc’action 93
Tayeb Cherfi, militant associatif Toulouse
Adrien Cornet, élu CGT Raffinerie Grandpuits
Alexis Cukier, philosophe, Syndicaliste CGT
Luc Decaster, militant associatif. Argenteuil
Elisabeth Dès, pneumologue, Toulouse
Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice
Vincent Duse, Syndicaliste CGT PSA Mulhouse
Khalid El Hout, AJPPN Montpellier
Julien Fonte, FSU Territoriale 93
Sébastien Fontenelle, journaliste
Simon Frenay, militant des droits humains, Saint-Denis
Isabelle Garo, enseignante
Julie Garnier, Oratrice France Insoumise
Gaétan Gracia, Syndicaliste CGT Atelier Haute-Garonne
Michele Guerci, journaliste
Kaddour Hadadi, artiste
Lawari Hadadi, AJPPN Montpellier
Simon Hallet, CGT Thiolat Packaging
Boualem Hamadache, SUD Conseil départemental 93
Laldja Hamidouche militante associative habitante d’Argenteuil
Dawari Horsfall, militant associatif, conseiller municipal
Vincent Huet, adjoint au maire FI de Saint-Denis
Djamal Issahnane, militant CGT
Muhamad Kamal, artiste. Toulouse
Fethia Kerkar militante associative d’Argenteuil.
Anasse Kazib, délégué Sud Rail
Hani Labidi, syndicaliste RS RATP
Nassim Lachelache, adjoint au maire Fontenay sous bois
Mathilde Larrere, historienne
Aude Lancelin, journaliste, fondatrice du QG
Nabil Lazrak
Patrice Leclerc, Maire PCF de Gennevilliers
Mustapha Mansouri, associatif Val Nord Nord d’Argenteuil
Fabien Marcot, graphiste
Madani Marsuk, Militant associatif Nimes
Jimmy Markhoum, enseignant SNES-EE, 93
Zouina Meddour, militante associative Blanc Mesnil
Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis
Danièle Obono, députée FI de Paris
Étienne Penissat, élu de Saint-Denis
Christine Poupin, porte-parole NPA
Philippe Poutou, porte-parole NPA
Christophe Prudhomme, médecin, hôpital Avicenne, Bobigny
Ali Rahni, militant associatif Roubaix
Sandra Régol, secrétaire nationale adjointe de EELV
Giovanna Rincon, militante trans féministe, directrice Acceptess-T
Théo Roumier, syndicaliste et libertaire
Kante Sakho, Président de l’association bénévole musulman.
Julien Salingue, docteur en science politique
Aïssata Seck, adjointe au maire de Bondy
Fatna Seghrouchni, co-secrétaire fédérale Sud Education
Pierre Serne, élu et militant de Montreuil
Laurent Sorel, élu FI Paris 20e, ensemble
Thierry Shafauser, syndicaliste au STRASS
Omar Slaouti, militant antiraciste
Azzédine Taibi, Maire PCF de Stains
François Thiollet, responsable du projet, EELV
Marie Toussaint, députée européenne EELV
Assa Traoré
Hadama Traoré, révolutionnaire
Aurélie Trouvé, porte parole d’Attac
Françoise Verges, Politologue, militante féministe décoloniale antiraciste
Pablo Pillaud-Vivien, journaliste

Organisations :

Fédération Sud Rail
Syndicat CGT Neuhauser
FUIQP
Syndicat RS RATP
Union communiste libertaire
CGT Atelier de Haute Garonne
Syndicat des quartiers populaires de Marseille
Collectif Réseau Optil
Collectif Stylo rouge 93
Brigades de Solidarité PopulaireIle de France
NPA
Association d’Argenteuil bénévoles musulmans
Sud Éducation 93

Courrier unitaire au sujet de l’annonce de la réouverture des écoles et établissements le 11 mai

Monsieur le Ministre,

Personnels, parents d’élèves, élèves tiennent à vous faire part de la grande inquiétude suscitée par les annonces du président de la République sur la réouverture progressive des écoles et établissements scolaires à partir du 11 mai.

Tout le monde souhaiterait pouvoir reprendre l’école et sortir d’une situation où l’ensemble des élèves subissent les conséquences de la crise et où les inégalités scolaires se creusent. Mais les conditions seront-elles réunies à compter du 11 mai ? En prolongeant au-delà de cette date la fermeture des cafés, restaurants, lieux de culture, etc., le Président de la République a lui-même anticipé le maintien d’une situation de risque sanitaire nécessitant la poursuite de la plus grande vigilance.

Nous n’avons pas la prétention de connaître l’ensemble des procédures à appliquer. En, revanche, nous demandons à ce que les préconisations sanitaires pour la protection optimale de toutes et tous soient strictement respectées. Ce sont des conditions sine qua non à la reprise.

En tout état de cause, les éléments suivants nous semblent incontournables :

– la mise en place d’une politique massive de tests qui devra correspondre aux préconisations du conseil scientifique et de l’OMS ;
– la désinfection des écoles, services et établissements scolaires qui ont été fréquentés pendant la période de confinement avec des dotations en matériel spécifique (équipements, masques…) et une protection adaptée ;
– la fourniture des matériels de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques chirurgicaux ou FFP2) en quantité suffisante pour les agent-e-s et les élèves adaptés à la situation de travail de chacun ;
– les personnels dont la santé ou la pathologie le nécessite doivent bénéficier des mesures d’éloignement du travail et avoir un suivi médical tel que prévu par le décret 82-453 modifié ;
– les élèves dont la santé ou la pathologie le nécessite, et celles et ceux dont les parents souffrent de grandes pathologies, doivent pouvoir être exemptés du retour en présentiel ;
– des garanties concernant la limitation des effectifs par groupes dès le retour des élèves (retour qui ne peut être simultané de celui des adultes), pour permettre la distanciation sociale exigée par ailleurs, et ce pour l’ensemble des niveaux et tous les lieux fréquentés par les élèves et personnels (cantine scolaire, internats, couloirs etc.).

Depuis le 14 avril 2020, vous consultez les organisations représentatives des personnels, des parents d’élèves et le CNVL. Nous avons formulé nos propositions, nos attentes pour que la reprise quand et là où elle aura lieu se passe du mieux possible en termes de sécurité pour toutes et tous. Nous vous demandons de présenter vos propositions à l’issue de ce cycle d’audiences afin que nous puissions vous faire part de nos réactions, cela pourrait avoir lieu en multilatérale et dans le cadre des instances de dialogue social ministériel : CTMEN, CHSCTMEN et CSE avant toute reprise éventuelle et avant la communication au grand public.

Nous vous demandons de vous assurer que ces mesures seront présentées dans les instances de dialogue social local (niveaux académiques et départementaux).

Enfin, des établissements scolaires ont été réquisitionnés ces dernières semaines pour permettre d’héberger des personnes sans domicile ou en grande précarité de logement et leur permettre de s’isoler, d’être soignés, de se reposer pour guérir. Partout où les préfectures et agences régionales de santé estiment que la réquisition demeure nécessaire au-delà du 11 mai 2020, les établissements doivent demeurer fermés pour que la politique nationale de santé face au Covid19 ne soit pas fragilisée. Si ces conditions n’étaient pas remplies, les risques encourus par les élèves, les personnels et la population devront conduire à différer l’ouverture des écoles et des établissements scolaires prévue à partir du 11 mai.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos salutations respectueuses.

Réouverture des écoles et établissements : SUD éducation saisit le Conseil scientifique

Réouverture des écoles et établissements le 11 mai : SUD éducation saisit le Conseil scientifique

SUD éducation a écrit aujourd’hui aux membres du conseil scientifique sur le COVID-19 afin d’obtenir des garanties quant aux fondements de la décision annoncée par le Président de la République lundi 13 avril de rouvrir les écoles, collèges et lycées pour le 11 mai.

Nous attendons que l’instance, présidée par le professeur Jean-François Delfraissy, se prononce sur un certain nombre d’enjeux :
• Le 12 mars, Emmanuel Macron annonçait la fermeture des écoles parce que « nos enfants et nos plus jeunes, selon les scientifiques toujours, sont celles et ceux qui propagent, semble-t-il, le plus rapidement le virus ». L’évaluation des connaissances depuis un mois permet-elle de lever ce risque ?
• Le conseil scientifique estime-t-il que les conditions qu’il a lui-même émises à un déconfinement, notamment en matière de distanciation sociale, de mise à disposition de protection ou de dépistage seront remplies pour que les personnels et les élèves retournent en classe ?
• Comment le conseil scientifique évalue-t-il la motivation du Président de la République, qui affirme vouloir rouvrir les écoles pour compenser les inégalités sociales face au confinement ?
• Nous demandons enfin au conseil scientifique de rappeler ses recommandations sur les conséquences psychologiques du confinement, aggravées par les annonces chaotiques du gouvernement et le refus de tout dialogue.

Pour SUD éducation, il est irresponsable d’avoir décidé l’ouverture des écoles et établissements sans avoir des éléments de réponse sur ces questions incontournables. 

SUD éducation s’opposera à la réouverture des écoles et des établissements tant que la situation sanitaire ne le permettra pas, et pourra appeler les personnels à user de leur légitime droit de retrait. Les garanties que nous exigeons sont claires : 

• dépistages systématiques et réguliers des personnels et des élèves (et non uniquement des cas symptomatiques) ;
• un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves, et à court terme la constitution d’une médecine de prévention en mesure d’assurer une partie de ces missions ;
• mise à disposition du matériel de protection nécessaire pour tous les personnels et les élèves (masques, gels hydro-alcooliques) et désinfection régulière des locaux ;
• octroi de moyens supplémentaires dès la réouverture des classes pour permettre une baisse des effectifs à même de garantir la distanciation sociale dans les salles de classe.


Le courrier aux membres du conseil scientifique :

Aux membres du comité scientifique sur le COVID-19
M. Jean-François Delfraissy
Mme Laëtitia Atlani-Duault 
M. Daniel Benamouzig 
Mme Lila Bouadma 
M. Simon Cauchemez 
M. Pierre Louis Druais 
M. Arnaud Fontanet
M. Bruno Lina 
M. Denis Malvy 
M. Yazdan Yazdanapanah 
M. Franck Chauvin

Objet : fondements scientifiques des annonces du Président de la République pour une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai

Mesdames, Messieurs,

Notre organisation syndicale vous sollicite afin de connaître les fondements scientifiques qui ont conduit le Président de la République à annoncer lundi 13 avril une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai. Mesdames, Messieurs les membres du comité,

1/ Dans votre avis du 12 mars, vous recommandiez la fermeture des écoles et établissements au nom « des premières données montrant des taux d’attaque intra-domiciliaires (Bi et al, 2020) et des concentrations virales identiques chez les enfants comparés aux adultes(Xu et al,2020), de l’augmentation de la proportion d’enfants infectés avec la progression de l’épidémie en Chine (Liu et, al, 2020), du rôle important de la fermeture des lieux d’enseignement dans le contrôle des épidémies liées à des virus respiratoires comme la grippe(Cauchemez, et al, 2008 ; Livinova et al, 2020), et de la gravité de la situation épidémiologique ».
Affirmant fonder ses décisions sur vos recommandations, le Président de la République avait notamment déclaré le 12 mars 2020 : « Dès lundi et jusqu’à nouvel ordre, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités seront fermés pour une raison simple : nos enfants et nos plus jeunes, selon les scientifiques toujours, sont celles et ceux qui propagent, semble-t-il, le plus rapidement le virus, même si, pour les enfants, ils n’ont parfois pas de symptômes et, heureusement, ne semblent pas aujourd’hui souffrir de formes aiguës de la maladie. C’est à la fois pour les protéger et pour réduire la dissémination du virus à travers notre territoire. »

Nous souhaitons donc tout d’abord savoir si, depuis le 12 mars 2020, l’évolution des connaissances sur le virus du COVID-19 chez les enfants permet bien de lever le risque que mentionnait le Président de la République il y a à peine un mois.

2/ D’autre part, vous posiez un certain nombre de conditions à la levée du conditionnement dans votre avis du 2 avril, notamment :

« – le choix des mesures de distanciation sociale qui seront maintenues pendant la période de post-confinement ;
- la disponibilité des protections matérielles comme les gels hydro-alcooliques et les masques à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité [ce que seront élèves et personnels, ainsi que leurs familles, si les écoles sont bien réouvertes au 11 mai] […]
- des capacités de diagnostic rapide d’infection aiguë et de rendu des résultats aux patients avec transfert des données en temps réel aux systèmes de surveillance épidémiologique ; »

Or ces conditions, et toutes les autres que vous mentionnez comme « des capacités hospitalières et de médecine de ville restaurées dans les régions qui ont été les plus touchées » ne nous semblent pas pouvoir être remplies d’ici le 11 mai :
• Les mesures de distanciation sociale nous semblent impossibles à faire respecter, soit à cause de l’âge des enfants, soit à cause de l’exiguïté des locaux (salles de classe, cantines scolaires, internats, couloirs, cours de récréation…) et du manque de moyens, soit encore à cause des transports, scolaires ou en commun.
• Les problèmes d’accès à des produits d’hygiène aussi basiques que le savon sont en temps normal une réalité récurrente à l’école, en collège, en lycée. Nous ne voyons pas comment ils pourraient être réglés en situation de crise. Par ailleurs, les annonces autour des masques, chaotiques depuis des mois, n’augurent pas de leur disponibilité pour tous les élèves le 11 mai, le président de la République ayant fini par annoncer une mise à disposition suffisante pour la fin juin.
• Il en est de même pour les capacités de dépistage et la rapidité des rendus de résultat. La France s’est mise très en retard sur cette question. Si l’offre s’étend, elle reste en deçà des annonces prévues par le ministre de la santé qui a du mal à tenir le calendrier annoncé. De même, les entraves technologiques liées à l’usage massif de plateformes fermées contribuaient à ralentir le rendu des résultats puisqu’il était nécessaire d’envoyer les prélèvements dans les CHU qui étaient les seuls à disposer des automates ouverts. Nous ne savons pas si ce frein a été levé. Enfin, le président de votre conseil, dans un entretien au quotidien italien du 12 avril, faisait part de ses inquiétudes sur l’immunisation et les risques de recontamination.

Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins s’est par ailleurs opposé à une réouverture des écoles le 11 mai. Qui plus est, le rapport de situation numéro 9 du laboratoire Epidemic in Complex Environments sous la tutelle de l’Inserm et de Sorbonne Université intitulé Expected impact of lockdown in Île-de-France and possible exit strategies (12 avril 2020) indique qu’un déconfinement trop proche pour la région la plus touchée par la pandémie aurait des conséquences catastrophiques sur le système de santé.

Nous souhaitons donc savoir si, au vu des connaissances à votre disposition, les conditions que vous posiez le 2 avril vous semblent pouvoir être remplies pour une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai. De même, nous souhaitons savoir si le maintien des examens et concours (épreuve anticipée de français du baccalauréat, épreuves écrites et orales des concours, BTS …) se fonde sur toutes les garanties empêchant des contaminations massives. 

3 / Le Président de la République a justifié la réouverture des écoles, collèges et lycées non en s’appuyant sur des recommandations scientifiques, mais en faisant valoir les inégalités sociales face au confinement. Votre comité étant transdisciplinaire et ouvert à la société civile, nous souhaitons savoir si une telle motivation est fondée. Votre premier avis alertait en effet sur la question de l’adhésion à des mesures aussi difficiles que le confinement. Mais nous craignons qu’en ouvrant les écoles pour les enfants des classes populaires, pour lesquel-les le confinement est effectivement en général plus dur, nous ne fassions qu’exposer plus les personnes de ces classes sociales, ceux pour qui le confinement est moins dur préférant restés confinés. Les conséquences tendraient donc renforcer les inégalités et les vulnérabilités au lieu de les lever, ce qui ne peut en aucun cas aider à l’adhésion des mesures de santé.

4/ Depuis plus d’un mois, les annonces officielles sont très chaotiques et souvent contradictoires, notamment sur ce qui concerne l’école. Le 12 mars, quatre heures avant que le Président de la République n’en annonce la fermeture, le ministre de l’Éducation déclarait cette option inenvisageable au micro de BFM TV. De même, au lendemain de l’annonce d’une réouverture pour le 11 mai, Jean-Michel Blanquer semblait faire volte-face.
Nous comprenons parfaitement qu’une crise de cette ampleur prenne tout le monde de court. Nous sommes par ailleurs conscient-es des incertitudes scientifiques et de l’évolution rapide des connaissances. Nous insistons cependant sur les conséquences psychologiques de cette gestion chaotique, qui ajoute à l’anxiété des élèves, familles et personnels confinés. Nous insistons aussi sur le fait que de nombreuses annonces contradictoires ou angoissantes auraient pu être évitées avec un véritable travail de dialogue et de consultations, de transparence sur l’état des connaissances et les incertitudes, les hypothèses de travail pour construire ensemble les solutions en fonction des incertitudes scientifiques.

Ce dialogue, recommandé dans plusieurs de vos avis ainsi que dans celui du CCNE du 13 mars 2020, a été absent. Il nous paraît indispensable de rappeler son importance au gouvernement, ainsi que de lui rappeler la nécessité d’une prise en charge des personnels et des élèves. A cet égard, obliger à reprendre le 11 mai alors que tout le monde aura télé-travaillé dans des conditions difficiles, et que les « vacances » de printemps n’auront en aucun cas permis distraction et dépaysement risque de renforcer les problèmes psychologiques liés au confinement ou les décompensations à leur sortie. Nous nous demandons si un tel risque est mesuré.

En vous remerciant de votre attention, en restant à votre disposition pour plus d’information et dans l’attente de vos recommandations et réponses en la matière, nous vous prions d’agréer l’expression de nos salutations distinguées,

Concours de recrutement : SUD éducation demande des clarifications et toutes les garanties nécessaires pour les candidat-e-s

À la suite du discours d’Emmanuel Macron sur la poursuite du confinement et la fermeture des établissements d’enseignement supérieur, Jean-Michel Blanquer a multiplié les déclarations équivoques et contradictoires au sujet des concours de recrutement dans l’Éducation nationale, qui concernent 256 377 candidat-e-s.

Concours de recrutement externe et du troisième concours
Dans le cas des concours pour lesquels aucune épreuve n’a encore été passée, le ministre Blanquer a annoncé que le concours serait réduit aux épreuves écrites, entre juin et juillet. Cela concerne notamment le CRPE, le Capes, le CAPLP, et certaines disciplines pour l’agrégation.
Le ministre a annoncé que la titularisation des fonctionnaires-stagiaires comporterait une épreuve orale, dont les contours ne sont pas définis.
Pour SUD éducation, il est évident que cet oral ne saurait prendre la forme d’un oral de concours pour des personnels qui auront déjà exercé le métier durant une année entière. De plus l’année de stage est déjà une année très chargée, il n’est pas acceptable d’augmenter encore plus la charge de travail des stagiaires avec un oral à préparer en plus.
Le ministère ne doit pas tirer prétexte de la situation exceptionnelle pour permettre la constitution d’un vivier de stagiaires menacé-e-s de licenciement. Tous les moyens doivent être mis en œuvre en terme de formation sur temps de travail pour leur permettre une prise de fonction facilitée et leur titularisation en fin d’année.
Dans le cas des concours dont une partie des épreuves écrites a déjà été passée, le ministre veut faire passer les épreuves orales d’admission en juin/juillet. Au-delà du caractère qui semble irresponsable à ce stade d’anticiper une passation d’épreuves orales en juin, cette décision soulève de nombreuses questions.
Habituellement, ces épreuves orales sont centralisées sur quelques sites au niveau national. Or, il faut en effet d’emblée noter que les hébergements et la restauration seront impossibles, puisque l’on sait d’ores et déjà que les hôtels et restaurants seront fermés jusqu’à la mi-juillet. Pour couper court à cette critique le ministre vante l’utilisation des moyens de visio-conférence. Chacun-e aura compris que les inégalités d’accès aux moyens techniques, les risques de coupure de la connexion, l’impossibilité de vérifier l’honnêteté de l’épreuve ne pourront pas être garanties. Il s’agit bien d’une nouvelle rodomontade du ministre Blanquer, qui n’est en mesure d’apporter aucune garantie aux candidat-e-s. Cette décision montre le peu de respect du ministre à l’égard de l’investissement fourni par les candidat-e-s tout au long de l’année.
Pour SUD éducation, la solution pragmatique qui s’impose est simplement d’annuler les épreuves orales et de pourvoir tous les postes sur la base des résultats écrits.

Concours internes
En ce qui concerne les concours internes, les épreuves qui n’ont pu être passées sont reportées à la rentrée en septembre.
Là encore, les inquiétudes se font jour. Cela signifie que les lauréat-es ne pourront prendre leur poste à la rentrée dans le cas de personnels non-enseignants qui passeraient les concours d’enseignement. Une arrivée en cours d’année compliquerait en effet singulièrement l’entrée dans le métier des personnels. SUD éducation demande à ce que la question de la prise de poste soit clarifiée rapidement.


L’improvisation du ministre sur la question des concours est manifeste : SUD éducation exige que les garanties nécessaires soient apportées sans délai aux candidat-e-s d’un traitement équitable qui mette fin à l’angoisse de l’incertitude des candidat-e-s.

Le retour en classe, à quel prix ? – Vidéo Médiapart

Mathilde Goanec reçoit : – Mariane Collard, atsem dans l’Hérault, syndiquée chez SUD Collectivités territoriales ;
– Cécile Buttigieg, professeure de français en lycée à Marseille, syndiquée au Snes ;
– Saïda Jbiha-Nicolas, professeure des écoles à Bagnolet, syndiquée chez SUD éducation.


Le télétravail nuit au travail, à la santé et à nos vies

Dans un contexte d’urgence sanitaire, les personnels de l’éducation nationale et des universités déploient leur engagement professionnel et leur bon sens pour faire face autant que possible aux enjeux du moment. Certain-e-s sont envoyé-e-s sur le terrain sans protection comme les agent-e-s techniques et ouvrier-e-s des CROUS, parfois au péril de leur vie. D’autres sont enjoint-e-s à télétravailler et, qu’ils et elles soient administratif-ve-s, AESH, assistant-e-s d’éducation, enseignant-e-s, c’est avec leurs ressources propres qu’ils et elles doivent répondre aux nécessités du terrain.

Les personnels sont contraints de gérer plusieurs sentiments à la fois : des inquiétudes d’ordre sanitaire et économique, la crainte du décrochage de leurs enfants et la culpabilisation implicite liée à la communication ministérielle.

Pendant ce temps, la hiérarchie organise un simulacre de continuité du service et de « continuité pédagogique » quitte à mettre à mal le travail, la santé des personnels et celle des usager-e-s. L’incurie du ministère quant à la mise en place du télétravail et maintenant à la réouverture des écoles et établissements est coupable. Il ne peut se détourner de ses obligations d’évaluer les risques professionnels, d’assurer la sécurité des personnels et des usager-e-s et de protéger la santé physique et mentale des personnels (risques biologiques et anxiété qui y est liée).

Le télétravail risque de se poursuivre au-delà de la réouverture des lieux de travail. Le confinement a permis d’imposer ces modalités de travail pathogènes d’où la nécessité de s’outiller syndicalement. C’est notre travail qui est malmené, notre santé qui est entamée, notre vie personnelle qui est aspirée.

De quoi parle-t-on ?

Le télétravail est identifié comme capable de faire exploser les principaux repères de temps et d’espace, brouiller davantage les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle.

Le télétravail, c’est réaliser des tâches, plusieurs en parallèle, dont bon nombre nous éloignent du cœur de notre métier.

Le télétravail, c’est être contacté à tout moment par la hiérarchie, les collègues et les usager-e-s et devoir leur répondre sans délai.

C’est aussi devoir se familiariser sans formation avec de nouveaux logiciels, de nouvelles plateformes et s’astreindre à une utilisation intense des messageries électroniques.

C’est aussi la contrainte de disposer d’un créneau horaire quotidien sur un poste informatique, au milieu de l’entourage lorsqu’il existe, bruyant et fort de sollicitations.

Ainsi, le temps de travail devant écran étant limité, la pression est là. Isolés, les personnels n’ont souvent d’autres choix que de travailler tard le soir quand l’ordinateur est libre et le foyer plus calme, ou d’adapter en permanence l’emploi du temps pour faire face à la densité et à l’imprévu des journées.

Dans le contexte de pandémie actuel, il s’agit en parallèle de travailler, de répondre aux sollicitations du foyer, de soutenir des proches, de vivre avec ses peurs et son indignation devant les choix politiques qui sont faits.

Ces conditions de travail nous épuisent, toutes et tous, de manière isolée, rendant difficile les réactions collectives.

Décryptage

Jetons un œil vers d’autres secteurs professionnels : le télétravail chez Orange a été massivement mis en place au moment des fermetures de sites, les caisses automatiques des grandes surfaces vont de pair avec la réduction du nombre de caisses avec salarié-e-s, les comptes et services bancaires en ligne ou les ventes en ligne de titres de transport avec la réduction des horaires d’ouverture des agences et la suppression d’emplois… Pôle emploi, sécu, centre local d’action sociale, SNCF, usines, centres de recherches, commerces et services et maintenant l’éducation, la logique est la même : le numérique est au service du profit et au détriment des services, des emplois et de notre santé.

Une crise sanitaire peut constituer une aubaine pour les dirigeant·es. C’est l’analyse de Naomi Klein dans sa « Stratégie du choc », selon laquelle les systèmes économiques libéraux profitent des chocs psychologiques ou environnementaux pour imposer des contre-réformes visant à réduire les coûts, précariser l’emploi et faire des profits.

Le télétravail génère des atteintes à la santé qui sont les conséquences de l’exposition à divers risques organisationnels, comme en atteste le rapport Gollac. Ces facteurs de risques organisationnels durables peuvent créer un état de stress chronique qui représente un risque pour la santé. L’accumulation des facteurs de risques est un élément aggravant.

Le ministère n’ignore rien de ces enjeux de santé pour les personnels. Le ministère du travail a largement diffusé le rapport Gollac à l’ensemble des ministères. Il doit en tenir compte, et se conformer aux obligations du Code du travail (articles 4121-1 et suivants) qui l’enjoint de protéger la santé physique et psychique des personnels en adaptant le travail aux personnels et non l’inverse.

En aucun cas le numérique ne doit être un outil de contrôle de la population et des personnels, ni d’asservissement, ni d’aggravation de la charge de travail, ni constitutif d’une fracture numérique pour les personnels et les élèves.

Le rapport Gollac : définition des six grands types de risques organisationnels au travail (dits risques psychosociaux en langage managérial)

L’État s’étant aperçu du coût financier représenté par les atteintes à la santé au travail, le ministère du travail a commandé auprès d’un collectif de chercheur-euse-s un rapport appelé le rapport Gollac. Ce rapport avait pour objectif d’identifier, de quantifier et suivre les risques d’origine « psycho-sociale ». Il sert aujourd’hui de référence à l’ensemble des textes organisant au sein de la fonction publique la prévention de ces risques créés par l’organisation du travail. C’est dans celui-ci que figurent les 6 critères suivants :

1/ L’intensité et le temps de travail : les exigences psychologiques et plus largement les contraintes de rythme, l’existence d’objectifs irréalistes ou flous, l’exigence de polyvalence non maîtrisée, les instructions contradictoires, les longues journées de travail, le travail en horaires atypiques, l’imprévisibilité des horaires de travail…

2/ Les exigences émotionnelles : la nécessité de maîtriser et façonner ses propres émotions face à l’exigence de bonne humeur, aux tensions avec le public, au contact la détresse humaine.

3/ Le manque d’autonomie : L’autonomie au travail désigne la possibilité d’être acteur et actrice dans son travail et inclut non seulement les marges de manœuvre (la possibilité de s’auto-organiser dans son travail) mais également la participation aux décisions qui concernent directement notre activité ainsi que l’utilisation et le développement de nos compétences. Ne nous leurrons pas quand l’employeur met en avant la supposée autonomie sans les moyens, pour individualiser les injonctions et les jugements.

4/ Les rapports sociaux au travail dégradés : L’atomisation des relations sociales au travail avec l’effacement de la reconnaissance des pairs, l’isolement face à la hiérarchie pour lutter contre des injonctions et pressions, la valeur sociale du métier dégradée, l’inadéquation de la tâche à la personne, les procédures d’évaluation du travail, les pathologies des rapports sociaux comme le harcèlement moral.

5/ Les conflits éthiques : Les conflits dus à l’écart entre ce qui est exigé et les valeurs professionnelles et sociales des salarié-e-s, par exemple effectuer une tâche que l’on juge inutile, inadaptée ou mettant les usager-e-s en difficulté pour la réaliser.Ou encore faire la promotion d’un outil que l’on sait inefficace : les enseignant-e-s connaissent cela. En effet les enseignant-e-s savent qu’il est important pour les élèves de maintenir des habitudes de travail mais ont conscience par ailleurs que l’apprentissage à distance creusent les inégalités scolaires et sociales.

6/ L’insécurité de la situation de travail : L’insécurité de la situation de travail comprend à la fois l’insécurité socio-économique (peur de perdre son emploi, non maintien du niveau de salaire, contrat de travail précaire) et le risque de changement non maîtrisé de la tâche et des conditions de travail (réorganisations permanentes dans la période actuelle).

La mauvaise santé au travail a un coût social, détruit nos existences et nos liens aux autres. Les actions de l’employeur vont contre ses obligations et la loi, contre notre santé, contre le service rendu au public.

C’est le moment de ne pas rester isolé-e-s. Contactons-nous entre collègues pour nous parler du travail, de notre manière de l’envisager, de le réaliser, organisons-nous pour lutter contre les demandes ou organisations qui nous éloignent du cœur de notre métier, mettons aussi en mots et en débats l’intérêt de l’école avec les usager-e-s, parlons de ce qui s’y joue et du lien fécond à tisser avec les familles. Les parents mesurent bien actuellement comme précédemment qu’enseigner est un métier et que l’école est un lieu de socialisation riche. Socialisons nos questionnements, collectivisons nos luttes. Entretenons ainsi notre santé au travail, cet équilibre toujours en mouvement. Changeons le travail, luttons !

SUD éducation revendique :
• la protection de la santé des personnels, l’intérêt et l’égalité des usager-e-s avant tout,
• que le numérique ne soit pas un outil de casse des liens sociaux au travail et avec les usager-e-s ni un outil de contrôle des personnels et des populations, ni un outil de rente pour les firmes privées,
• le droit à la déconnexion avec le respect du temps de repos, de congés, ainsi que la vie personnelle, et familiale,
• l’analyse par les CHSCT de ce mode de travail sur la période et l’évaluation réelle et approfondie des risques provoqués par ce mode de travail,
• que le ministère recule sur le tout numérique et la mise en place du télétravail au nom d’une pseudo « continuité pédagogique »,
• l’école comme lieu de socialisation des connaissances et des tâtonnements pour construire les apprentissages,

L’urgence est sanitaire et sociale pour les usager-e-s et les personnels.

Réouverture annoncée des écoles à partir du 11 mai : SUD éducation réclame toutes les garanties nécessaires

Lundi 13 avril à 20:00, le président Macron a fait un certain nombre d’annonces concernant la poursuite du confinement, et ses suites qui seraient précisées d’ici fin avril.

Concernant l’éducation, la principale annonce réside dans la réouverture progressive des écoles et établissements scolaires tandis que l’enseignement supérieur resterait fermé jusqu’à la rentrée de septembre. Faire reprendre les élèves et non les étudiant-e-s, cela montre bien que la priorité est de faire prendre en charge les enfants des salarié-e-s, et non une question pédagogique.

La fédération SUD éducation se montrera particulièrement vigilante quant aux modalités de cette reprise afin qu’elle ne comporte aucun risque : aucune autre considération que la santé des élèves et des personnels ne doit entrer en compte et surtout pas l’intérêt des entreprises dont les salarié-e-s seraient bloqué‑e‑s à domicile par la garde d’enfants. Dans ces conditions, une éventuelle réouverture des écoles et établissements ne doit se faire qu’à certaines conditions indispensables :
– dépistages systématiques et réguliers des personnels et des élèves (et non uniquement des cas symptomatiques) ;
– un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves, et à court terme la constitution d’une médecine de prévention en mesure d’assurer une partie de ces missions ;
– mise à disposition du matériel de protection nécessaire pour tous les personnels et les élèves (masques, gels hydro-alcooliques) et désinfection régulière des locaux ;
– octroi de moyens supplémentaires dès la réouverture des classes pour permettre une baisse des effectifs à même de garantir la distanciation sociale dans les salles de classe.
Les personnels seront légitimement en situation de se poser la question de leur sécurité ainsi que de celle des élèves, et le droit de retrait pourra s’imposer comme un mode d’action incontournable. En fonction de l’évolution de la situation sanitaire et de la mise en œuvre sur le terrain de la réouverture des classes, SUD éducation pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait et les soutenir dans cette démarche.
Le gouvernement portera la responsabilité des conséquences sanitaires de décisions qui seraient guidées d’abord par des motifs liés à la relance de l’économie au détriment de la santé et de la vie des personnels et des familles/entourage des élèves ainsi que les risques pour l’ensemble de la société.

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